L’INVENTION DE BRUXELLES 1998

Un projet dans le cadre de Bruxelles 2000

une invitation

Vous etes peut-etre comme le voyageur qui reçu un message de quelqu’un d’inconnu. Cet inconnu vous parle de quelque chose qui a eu lieu, d’un “cataclysme”. Ce “cataclysme” que l’inconnu évoque vous parait incompréhensible, et vous souhaitez trouver des traces dans la ville de ce qui a pu se produire. Peut-etre que rien n’a eu lieu, peut-tre que ce “cataclysme” est en train de se passer et on ne s’en rend pas compte.
Vous disposez de noms, d’adresses, de lieux, des messages que l’inconnu vous a envoyé. Des indices qui paraissent parfois indéchiffrables. C’est avec ça que vous commencez le voyage.
La topographie que vous avez ici répond cette idée. Ce n’est pas un guide exhaustif de Bruxelles. Ce sont des fragments d’une topographie. Une topographie qui relie des lieux, des parcours, des moments de vécus. Les lieux sont liés des rencontres, des amitiés, des drames, des témoignages, des sensations, et parfois de manire tout fait improbable.
Pourquoi des fragments? On peut voir le corps d’une ville comme le corps d’un film: une affaire de montage o chacun construit son histoire en raccordant les lieux qu’il habite et les lieux qu’il parcourt, les lieux familiers et les lieux anonymes, les lieux qu’il a fréquentés dans le passé, les visages connus et les visages anonymes, ses désirs et ses craintes, ses ambitions et son quotidien, son passé, ld’o il vient et lo il se dirige…
Le fragment est incomplet, sans explication: il incarne le vertige qui nous saisit quand on voudrait comprendre et raconter la ville dans son ensemble. Le but, ici, n’est pas de vous proposer un parcours guidé. Le fragment est compléter comme dans un puzzle. Chaque fragment est un point de départ possible d’un voyage, d’un parcours, d’une ville.
Il y a encore d’autres lieux, d’autres points de départ, d’autres rencontres possibles, qu’on ne pourra jamais répertorier, parce qu’ils dépendront du hasard de votre parcours, de vos attentes, de vos envies, de votre curiosité.
La suite de l’histoire vous appartient.
Quant moi, ce qui m’a conduit vous proposer cette invitation…
…j’habite Bruxelles depuis mon enfance, je suis donc un habitant de Bruxelles. Quand je m’interroge sur ce que signifie tre un habitant de Bruxelles, je me rends compte que je le vis tel un habitant provisoire, de passage. Ce qui rend la ville la fois familire et étrangre, d’un paradoxal exotisme.
Quand j’interroge les autres, Belges ou étrangers, je m’aperçois que cette manière de vivre Bruxelles appartient à beaucoup de ses habitants et donc permet de la raconter: d’une part beaucoup de personnes sont arrivées Bruxelles par hasard et y sont restées, en croyant y rester provisoirement, jusqu’à ce que ce provisoire devienne permanent.
D’autre part, et plus en général, c’est comme si personne n’appartenait à Bruxelles (et donc, du coup, chacun peut s’inventer Bruxelles). Ce n’est pas une question d’absence de la ville: Bruxelles est très reconnaissable et unique, c’est une ville qui a une histoire millénaire. Ce n’est pas une question d’tre Belge ou étranger, car à cause de la question communautaire un Belge à Bruxelles est presque un exilé.
Ce n’est pas non plus une question d’accueil: au contraire, peu de villes en Europe ont cette capacité d’accueil. Mais c’est comme etre invité une fete, et puis se demander qui sont et où se cachent ceux qui t’ont invité.
Voilà. Moi j’ai été invité (par le hasard de mon histoire de famille)à Bruxelles. J’habite Bruxelles et je m’interroge sur ce que ça signifie, habiter Bruxelles. A partir de mon cas particulier et, en fin de comptes, pour tout habitant de Bruxelles. C’est cette question que maintenant, en vous invitant, je vous transmet.
Giovanni Cioni, novembre 98

Pour lire la Topographie:

L’INVENTION DE BRUXELLES 1998